La mode éthique, un engagement socio-environnemental

24 août 2021 - NADY S.

Les créateurs africains qui épousent la cause éthique sont de plus en plus nombreux sur le continent. Une prise de conscience favorisée par le besoin de révolutionner la mode tout en protégeant la planète et ses habitants. Ainsi, surfant entre l’utile et l’agréable, ces designers ont développé un label social et environnemental qui permet d’oxygéner la planète. Alors qui sont-ils ? Quelles actions posent-ils et quelles sont leurs motivations ? Autant de questions auxquels répondront trois d’entre eux.

Des designers à la créativité responsable.

Chez Ewadara, nous avons plus de 90% de stylistes écologiquement responsable. En effet, plus qu’une mode, l’éthique recentre les hommes sur la nécessité de protéger la planète. Mais aussi sur le besoin de nous soucier les uns des autres en contribuant par notre manière de vivre, au bien-être de nos semblables. Dans le souci de respecter les droits sociaux de chacun, les emplois qu’offrent nos créateurs sur le continent sont respectueux des droits de l’homme.

C’est le cas de Mé-Wé, une marque ivoirienne spécialisée dans la confection de vêtements. La conceptrice Mathilde Mé-Wé définit la mode éthique et durable comme une tendance : « qui vise à réduire le gaspillage des ressources, à prendre en considération le changement climatique en favorisant une production locale des matières premières biodégradables (100% organique), recyclables ou recyclées, en privilégiant des collections en édition limitée et dans le souci d’une éthique de travail valorisante et positive ».

Pour résumer ses propos, l’éthique est une mode respectueuse de l’environnement et des conditions sociales de la main d’œuvre. Dans cette optique, Mé-Wé produit localement ses créations, pour être plus proche des fournisseurs, contribuer à l’économie locale et limiter les risques de pollution, contrairement à la mode industrielle qui est l’une des plus polluantes de la planète. Raison pour laquelle la créatrice de la marque Mé-Wé invite toutes les personnes désireuses de s’habiller durable, en alliant tendance, style et conviction citoyenne, à s’engager pour l’éthique. Selon elle : « les créateurs africains doivent s’orienter vers la mode éthique et durable, car l’avenir de l’Afrique est plus brillante entre nos propres mains. En effet, nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».

"Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants"

Une responsabilité éthique partagée par Kifayat Aoudou, créatrice de la marque togolaise Kifayath. Elle produit des vêtements de façon responsable dans le but de valoriser le savoir-faire individuel, en créant des emplois payés à leurs juste-valeurs. Pour elle, la mode éthique n’est pas adressée à des personnes en particulier, mais à tout le monde, car dit-elle : « c’est une question de conscience ».

D’ailleurs, pour apporter sa pierre à la construction d’un monde meilleur, Kifayath travaille en collaboration avec une ONG pour jeunes filles abusées. De ce fait, elle a formé de nombreuses jeunes filles à la couture en leur transmettant des valeurs éthique et responsable. Ainsi, de fil en aiguille, elle espère aboutir au changement de mentalité qui permettra à chaque créateur de s’attarder sur nos richesses et à chaque citoyen de s’impliquer pour le respect des droits sociaux des travailleurs et pour le bien-être de la planète.

"C’est une question de conscience.’’

Dans la même démarche, Sagna Ngoné conceptrice des bijoux sénégalais Ngone Paris dit avoir choisi une mode alternative, durable et valorisante dans le but de parvenir à : « une production respectueuse de l’environnement et des travailleurs. Afin de proposer une création responsable et respectueuse ». Cependant, Sagna reconnait que même si la mode éthique n’est pas à la portée de toutes les bourses, c’est un choix qui s’impose à toutes les personnes conscientes de la nécessité d’une économie durable.

Pour contribuer à la création d’emplois et à la préservation des savoir-faire. Alors : « engagez-vous ! Vous éprouverez une grande satisfaction à produire des créations respectueuses de l’environnement et des travailleurs ». lance-t-elle comme mot d’ordre à l’endroit de ses collègues. Non sans préciser que : « les coûts de production peuvent parfois être un frein ». Mais la responsabilité doit être leur leitmotiv et primer sur les freins.

Un engagement socio-environnemental.

La mode n’est plus seulement une question de garde-robe, mais c’est un vecteur de prise de conscience pour un monde meilleur et plus vert. De plus en plus, nous nous exerçons à manger plus sainement, en privilégiant les légumes, moins de gras, moins de sucre et moins de sel. Nous essayons de boire plus d’eau, de faire du sport, d’être moins sédentaire et moins accro aux écrans.

A ces rituels pour notre santé, nous devons ajouter celui d’un engagement pour la santé de notre planète. Elle nous donne un toit et l’air que nous respirons. Rien que pour cela, pensons à son bien-être en privilégiant le volet éthique et durable de notre consommation vestimentaire. Soyons solidaire non seulement envers notre planète, mais également envers les ouvriers qui travaillent à nous vêtir. Rien qu’en disant non à la production de masse, donc à la mode industrielle.